Mes actions pour le Libre, le numérique et l’éducation

Récit condensé de 37 ans d’actions, avant, avec et pour un Numérique citoyen, Libre, Ouvert, Loyal et Soutenable

Conclusion (vous vous attendiez à une introduction ? Raté ! :-) ) :
Quelles que soient les intentions et le nombre de ressources matérielles ou numériques proposées aux acteurs de l’éducation, cela ne sert à rien si la *priorité absolue* n’est pas donnée à la formation et à l’accompagnement des enseignants/formateurs. Avec les meilleurs ingrédients du monde, celui qui ne sait même pas faire cuire des pâtes ne fera jamais un bon plat ! Et pendant ce temps là, on continue à utiliser le temps et l’argent à cultiver de bons produits et à en faire la publicité...
Ce qui est drôle et triste en même temps, c’est que c’est ce que je disais en 1997, et que ce n’est toujours pas la priorité. La réalité du terrain ne peut être connue que par le terrain. Voici donc un récit de terrain.

Un de mes ami philosophe libriste ayant fait remarquer lors d’un colloque que l’Histoire c’est aussi quelque chose d’important (ce dont je ne doute pas !), voici quelques points de repère, ma petite histoire :
 1985 : Mise en place d’actions d’inclusion numérique pour les citoyens en détournant de son usage scolaire une salle informatique nanoréseau (issue du plan "Informatique pour tous") composée de Thomson TO-7 et d’un Bull Micral (micro-ordinateur) dans un collège de Villeneuve d’Ascq - Animation d’une activité "Informatique" au centre de loisirs sportif de Villeneuve d’Ascq dans cette salle.
 1996 : Création d’un des premiers club Internet de France au collège Nadaud à Wattrelos, et formation à l’écriture HyperTexte collaborative des élèves du collège. Remplacement du mot "Word" par "Traitement de texte" sous l’icône du traitement de texte.
 1996 : Présentation d’une conférence sur "Un atelier internet au collège : mais c’est facile !" lors d’un colloque du CRDP de Lille
 1997 : Écriture d’un rapport prémonitoire et prospectif (allez voir vous même) sur l’utilisation de l’Internet en pédagogie. Si l’on m’avait écouté, on aurait pu gagner 10 ans. Allez le lire, voir page 16 par exemple :

 1999 : création d’un référentiel de compétences numériques à l’IUFM d’Outreau et mise en oeuvre avec des stagiaires Professeurs des Écoles puis Professeurs des Lycées et des Collèges.
 Grace à l’accord cadre AFUL-éducation nationale de 1998, le Libre n’est plus tabou (ou plutôt chassé !), mais reste un combat, face aux lobbies naissants. En effet, à cet époque des inspecteurs de l’éducation nationale allaient jusqu’à "interdire" l’utilisation des logiciels libres !
 Suite à cet accord, et à la participation qui durera presque 2 décennies, et parfois encore maintenant, aux salons et rassemblements de type EDUCATICE et aux RMLL, je m’engage au CLX puis à l’AFUL, prenant mon bâton de pèlerin pour parcourir la France et la francophonie (notamment l’Afrique) pour promouvoir les logiciels libres, le partage et la collaboration. Depuis ce jour, je parcours le terrain en donnant des conférences, en animant des ateliers, avec des périodes plus ou moins engagées en fonction des problèmes de travail, familiaux et personnels que tout un chacun rencontre dans sa vie (enfin, peut être pas tout le monde en fait, mais parfois).
 En 2000, je rencontre des personnes de la SDTICE (qui deviendra la DNE) et de son chargé de mission logiciels libres (très sympathique), lors de l’université d’été de la communication à Hourtin : je me rends compte que ce n’est pas gagné, et c’est un euphémisme.
 dans les années 2000, travail sur le C2i2e (référentiel de formation TICE des enseignants), où les responsables de la SDTICE du ministère me font comprendre que "Le Libre n’est pas une option" et qu’il n’est pas raisonnable d’en parler en ces lieux...
 2004 : conception du "Cédérom pour les TICE" pour tous les apprenants de l’IUFM Nord-Pas de Calais, c’est un CD mixte, contenant des informations et un système LINUX bootable (basé sur Freeduc CD) présentant déjà des logiciels libres et des ressources libres pour l’enseignement. Distribution de plusieurs milliers d’exemplaires aux futurs enseignants dans le dispositif de formation au C2i2e.
 2004 : en parallèle, participation à l’écriture et expérimentation du C2i2e dans un des deux plus gros IUFM de France. Oui, on peut le faire avec des Logiciels et des ressources Libres.
 2007 : Mise en place de 14 TBI à l’IUFM Nord - Pas de Calais, 2 dans chacun des 7 sites, avec un TBI fixe et un mobile : https://mahara.univ-lille.fr/view/view.php?id=13
 Viens une suite d’années marquées par des actions ponctuelles mais importantes, comme la libération du logiciel de TBI/TNI Open-Sankoré (devenu OpenBoard), la participation à l’écriture du RGI de la DINSIC (qui deviendra la DINUM), la participation à la commission Éducnum de la CNIL où je siège encore, etc.
 Installation bénévole d’une salle informatique à Thilogne, au Sénégal, à 14h de taxi-brousse de Dakar. Où l’on s’aperçoit que loin de la ville c’est un autre monde. Installation des machines avec Linux, et mise en place d’un intranet avec des ressources libres. Formation des enseignants locaux.
 2011 : Membre du groupes d’experts du ministère pour la conception du référentiel national C2i1, Certificat Informatique et Internet, Version 2, qui comportera de haute lutte les concepts d’interopérabilité et de pérennité, qui sont présent dans la devise de l’AFUL. Ce référentiel sera utilisé une décennie pour former des dizaines de milliers d’étudiants. L’université de Lille 2 choisira de me confier la mise en place de la formation et de la certification, et je n’aurai de cesse de promouvoir en plus de la maîtrise des compétences numériques une Culture numérique émancipatrice, utilisant des logiciels, des ressources et des services en ligne libres, ouverts et loyaux.
 2016 : Participation comme expert au groupe de travail européen DigComp pour la conception de la version 2 du référentiel de compétences numériques européen pour le citoyen. C’est une sous partie de ce référentiel qui est utilisée par le système de certification automatisé PIX. Malheureusement, en éliminant 4 compétences importantes sur les 21, il perd beaucoup dans le domaine de la citoyenneté et de la réflexion sur ses usages, se contentant la plupart du temps de valider des capacités manipulatoires. C’est dommage et l’on devrait pouvoir faire mieux, le moteur du logiciel étant performant. Il ne faut toutefois pas oublier que la véritable réflexion se fait au travers de la confrontation des points de vue et de l’écriture personnelle, pas en répondant à des QCM, fussent-ils très "intelligents".
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En conclusion, Je me permets d’améliorer un peu le slogan d’une partie des libristes : "La route et longue, mais la voie à suivre est Libre, Ouverte et Loyale"
Merci à ceux et celles qui m’ont accompagné et m’accompagnent sur ce chemin.